Le documentaire d'Hélène Milano, Les Roses noires, fait entendre des jeunes filles, habitant des cités, qui font part de l'expérience du réel que la puberté introduit dans leur corps et dans leur vie.

Après qu'elles se sont pliées à des codes qui les rangeaient du côté des garçons pour éviter d'être isolées et maltraitées par les autres, la puberté vient brutalement faire rupture avec ce mode d'identification. Elles sont alors confrontées à la question : qu'est-ce qu'être une femme, au-delà de « ne pas faire comme les garçons »? Leur milieu social leur propose des modèles déterminés par l'évitement d'un certain nombre de conduites, afin de n'être pas assimilées à des « putes » : se protéger d'avoir une « réputation » – entendons, la mauvaise –, cacher leurs formes, rester « assises » chez elles…

Ces jeunes filles qui, le temps de leur enfance, se sont approprié des façons d'être appréhendées comme des signes de liberté, interrogent avec une étonnante justesse leur rapport avec la féminité dans leur lieu social : chacune est renvoyée à ce que peut être une femme et à la trouvaille qui lui permettra de vivre sa féminité.

Bernadette Colombel
Association ParADOxes, Paris