Un réel pour le XXI sciècle
ASOCIACIÓN MUNDIAL DE PSICOANÁLISIS
IX Congreso de la AMP • 14-18 abril 2014 • París • Palais des Congrès • www.wapol.org

Le réel ne se foutrait-il pas, un peu, de notre gueule ?
Capucine Dorkel

À sa première séance, elle dessine ce qui me semble être un œil mais le nomme « Mââât ». Je répète : « Matte ? ». Elle fait signe que non et mime ce qui me paraît être un fou. Je propose : « Un fou ? », elle fait signe que oui.

Léa, 5 ans, parle uniquement son jargon. Elle répète, mime, dessine pour que je saisisse le sens de ses paroles. Au cours d'une séance, Léa décide de me faire à manger. Elle utilise un four dans lequel elle place le plat à cuire, met en route le minuteur, me rejoint derrière le bureau et s'apprête à faire quelque chose. C'est alors que le minuteur retentit, l'arrêtant dans son geste. Elle retourne mettre le minuteur en route, revient à côté de moi et réitère l'ébauche de son geste ; mais au même endroit, le minuteur retentit et l'arrête de nouveau. Elle retourne mettre le minuteur en marche et revient vers moi ; encore une fois, au même endroit, le minuteur la coupe dans son élan. Elle y retourne et, encore une fois… « Tinnnque ! » Léa se tourne vers le minuteur, et dit : « Il se fout de ma gueule celui-là ?! » Un éclat de rire m'échappe ; elle me regarde étonnée, rit à son tour et m'apporte finalement le plat.

Les séances suivantes se garnissent de mots communs.

Capucine Dorkel
Nancy