Un réel pour le XXI sciècle
ASSOCIATION MONDIALE DE PSYCHANALYSE
IXe Congrès de l'AMP • 14-18 avril 2014 • Paris • Palais des Congrès • www.wapol.org

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BOUTS DE RÉEL
Ne… rien
Violaine Clément
« Digestion flowers » Gilles Rotzetter

Il a fallu des années pour que je découvre que l'inconscient ne connaît pas la négation. Qu'il n'y a de négation que dans le symbolique, dans le langage articulé, que dans l'adresse à l'autre. J'appris à la dure qu'il peut y avoir du NON, du ne… pas, ne… plus, ne… rien, mais aussi du ne… point, ne… goutte, ne… mie, ne… jamais, ne… que… et ne… personne.

Nicht, nicht mehr, nichts, nie, etc., ne m'apparurent donc pas comme des traductions, mais comme d'autres mots, étranges. Je n'admettais pas sans peine qu'on puisse dire la chose autrement.

Pourtant, dès que j'ai pu, je me suis servie des mots pour mentir, exagérer, cacher, taire… faire exister ce qui n'existait pas. Sans m'en douter, j'inventais un habitat dans lequel il devenait possible de vivre avec d'autres. Je me suis donc alphabêtisée, gobant toutes sortes de manières de dire le réel : le futur qui n'arrive jamais, le conditionnel si soumis, sans oublier le plus tonitruant, l'impératif, forme originaire du verbe. Celui-là avait un impact plus fort que les autres, il bourdonnait parfois si fort en moi qu'il m'empêchait d'entendre – d'entendre rien, ni personne.

Et puis, un jour, j'ai entendu l'équivoque, j'ai compris que pas, c'était aussi un pas, ou deux ou mille, que rien, c'était aussi quelque chose, que jamais pouvait vouloir dire un jour. Et cette découverte a ouvert à la grammairienne que j'ignorais être un champ formidable, le champ freudien, le champ du réel qu'il s'agit de sillonner – dans lequel on peut délirer, mais pas sans le savoir –, un champ sur lequel les racines peuvent prendre, et donner vie à des mots nouveaux. Est-ce ça, le réel ? Un trognon de rien qui me sert de boussole.

Violaine Clément
ASREEP-NLS, Fribourg