Un réel pour le XXI sciècle
ASSOCIATION MONDIALE DE PSYCHANALYSE
IXe Congrès de l'AMP • 14-18 avril 2014 • Paris • Palais des Congrès • www.wapol.org

Programme du Congrès
S'inscrire à la FÊTE
Inscription COMPLET
What's up ! NEWS
Comité d'action de l'École Une - Papers
Textes d'orientation
Affinités VIDÉO
5 minutes à la RADIO
Affinités À LIRE
Bouts de réel WAP WEB
Journée clinique
Bibliographie
Publications
Dossier de PRESSE
Informations pratiques
Les Congrès précédents
Rechercher dans le site
Loading
Suivez
@scilitwitt !
AFFINITÉS
Pablo Reinoso
plasticien & designer
Le portrait de l'homme invisible
Pablo Reinoso

Pablo Reinoso est platicien et designer ; argentin, il vit à Paris et travaille dans le monde entier. Il a réalisé la création visuelle du Congrès de l'AMP 2014, Un réel pour le XXie siècle, et ses lettres illustrent les pages du volume de Scilicet en cinq langues.

Il fallait que cela tombe ! … sur moi !

Je ne suis pas si bon portraitiste que l'on me demande de tirer le portrait de l'homme invisible !
Voilà ce que j'ai ressenti quand Guy Briole m'a demandé de réaliser l'affiche du prochain congrès de l'AMP.

Lors du dernier congrès de l'AMP à Buenos Aires, j'ai eu la chance d'assister à la présentation du thème du Congrès de 2014 par Jacques-Alain Miller sans imaginer un instant que j'allais être une « victime collatérale » de son choix thématique.
Comme à chaque fois que j'entends Jacques-Alain Miller parler, j'ai eu ce sentiment, pour le moins trompeur, de tout comprendre. À l'écouter tout semble évident. Cependant au fur et à mesure que le temps passe, la clarté du discours s'efface et juste un résidu reste en latence.

Je me suis donné quelques jours avant d'accepter l'invitation, car c'était un défi, un pari compliqué.
Plutôt que de chercher à étudier le concept pour tenter de le cerner afin de lui donner forme et image, je me suis dit que je devais m'appuyer sur ce résidu qui me restait de la conférence de JAM. J'ai pris donc bien soin de ranger dans un tiroir le texte qui m'avait été envoyé.

Ce n'est pas un manque de volonté ou de sérieux, mais plutôt l'expérience que j'ai de savoir que, dans ma pratique, à trop essayer de faire coller l'œuvre plastique à un texte, elle prend un versant anecdotique que je n'aime pas.
Si, pour cette raison, je suis souvent plus à l'aise dans l'abstraction que dans la figuration, j'ai senti, malgré tout, que je devais aborder le sujet avec une image, que ça devait être un peu figuratif.

Alors par où commencer, comment m'y prendre?
Ce qui était au centre de ma préoccupation concernait justement ce reste : ce que je devais représenter n'avait pas de représentation. Il fallait donc mettre ce réel en tension avec les autres registres pour le faire apparaître.

J'ai tout de suite pensé à un travail que j'avais fait, il y un certain temps, pour une demande insolite où je m'étais amusé à travailler sur les nœuds borroméens.
J'ai pris donc cette expérience comme point de départ et je me suis mis à modéliser des nœuds en 3D. Je me disais que ça allait me parler, qu'une forme finirait par s'imposer.

Je jonglais entre la pression que je ressentais de la date convenue pour la remise du projet et le temps de la création qui n'obéit pas aux mêmes lois…
Lorsque j'ai finalement compris qu'il était temps que j'annonce mon échec face à la mission commandée, une des formes modélisées s'est différentiée.

Le réel a quelque chose d'un cauchemar. Ça chute ! Ça tombe ! À l'infini.
Les nœuds se sont transformés en spirale descendante.
Les trois registres s'y précipitaient, eux aussi, aspirés.
Mais, ça ne suffisait pas…
L'idée du surgissement, de l'arrachement d'un crachat m'est venue. Du dégoutant dans tant d'ordre devenait nécessaire.
Mais quelque chose encore insistait, cette descente devait pouvoir s'accrocher à quelque chose.
J'ai alors imaginé une trame. On s'y accroche, on s'y abîme !
Sa structure démultiplie les unités, qui peuvent chacune représenter ce Un, mais aussi un Tout qui ne fini pas, qui n'existe donc pas…
Les éclaboussures devinrent de multiples points d'appels, de possibles mises en abîme, de nouveaux potentiels.

La définition mathématique de l'infini telle que je l'ai l'étudiée au lycée et qui m'a toujours fasciné est venue s'installer dans l'image de l'affiche. Je retrouvais là un thème très personnel, très intime et familier… j'y étais donc arrivé.

Buenos Aires/Paris, le 13 janvier 2013.

Pablo Reinoso