Un rêve. De nuit, une nef sidérale avance. À son bord, des hommes et des femmes immobiles, beaux. Ils ressemblent aux elfes de Tolkien. L'ambiance est éthérée, duveteuse, ouateuse. La nef se déplace sans bruit, sans à-coup, dans un silence total. Le spectacle est magnifique. Envoutée, la rêveuse est en osmose avec cette splendeur. C'est l'extase.
La nef approche et soudain tout devient différent : ces êtres si beaux de loin sont en fait glacés. Leurs membres, durcis par le froid, se fissurent et se cassent. La vision féerique a viré au cauchemar. L'équipée merveilleuse se révèle être une horreur indicible. C'est l'effroi.
Le sens de ce rêve épouvantable est recherché en vain jusqu'à ce que m'apparaisse ce qu'il pointe : l'accointance du sujet avec les limbes et la pulsion de mort qu'elles recèlent. Juste ça : pas de sens à déchiffrer, mais la désignation d'une jouissance qui en tarit la recherche.
Florence Nègre
Toulouse, ACF-MP